Société d'Aménagement Agricole et de Plantation d'Anacardiers

 

Contexte

Le Sénégal, avec une production moyenne annuelle estimée à près de 20 000 tonnes est le quinzième pays producteur de noix de cajou au monde et le septième pays africain. Sa part dans la production mondiale n’est pas très signifiante ; mais elle participe pour une large part dans la source de revenus supplémentaires pour plus de 150.000 personnes vivant non seulement dans le monde rural mais aussi en milieu urbain et à plusieurs niveaux (opérations de production, collecte, opérations post-récolte, transport, transformation, commercialisation et exportation des produits qui sont d’une grande importance pour le pays). La valeur ajoutée de cette filière est constituée essentiellement par la vente des noix brutes dont le principal acheteur est l’Inde. Plus de 75 à 80 % des noix récoltées sont vendues à l’état brut et moins de 6% de la production locale est transformée essentiellement pour le marché local des amandes. La partie restante est considérée comme perte post-récolte ; sa destination ou son utilisation ne sont pas toujours précisées.

Le Sénégal est un pays soudano-sahélien avec des conditions pédo-climatiques généralement favorables à la culture de l’anacardier dans une bonne partie du pays. Cette plante est introduite au Sénégal dans un souci de renforcement des forêts ou de protection des terres et ses aspects économiques n’ont intéressé les populations qu’avec l’arrivée des exportateurs indiens vers les années 1990. Depuis cette période, la filière est en cours d’organisation avec différents acteurs dont les principaux sont : les agriculteurs planteurs, les collecteurs, les commerçants, les transporteurs et les exportateurs.

Depuis 2000, les transformations artisanales des amandes ont connu une certaine progression dans un souci de capter la valeur ajoutée liée à ces activités et approvisionnent essentiellement le marché local d’amande. L’absence d’une compétence technique locale, le faible niveau de la compétitivité de la production locale, l’insuffisance de l’accès aux technologies appropriées, étroitesse du marché, problèmes d’accès au financement, l’expérience très limitée des transformateurs, les non- respect des exigences élémentaires d’hygiène et de qualité font que les produits issus de cette transformation s’exportent difficilement. La pomme d’acajou, à cause de sa périssabilité est très peu valorisée sous forme d’alcool, de jus ou de confiture.

Pour les aspects économiques de cette filière, l’apport du secteur public est insignifiant. Pour une production annuelle moyenne estimée entre 16 et 20 000 tonnes de noix brutes avec une faible qualité et un secteur non organisé, le Sénégal est un acteur mineur au niveau de la chaîne de valeur globale dominée par les importations, transformations et exportations de pays asiatiques (Inde et Vietnam) ou Latino-américains comme le Brésil. La filière anacarde est la nouvelle mamelle de l’économie en Casamance. Elle nourrit les exploitants, les non exploitants, les propriétaires de magasin, des hôteliers, des camionneurs, des manœuvres durant les 4 mois de campagne. Le secteur génère un chiffre d’affaires de plus 30 milliards de FCfa dans les régions du Sud du Sénégal qui possèdent plusieurs avantages comparatifs en matière de productions anacardières :

  • au plan physique, il est établi que le milieu naturel confère au Sénégal un avantage avéré par rapport à de nombreux pays, y compris certains pays exportateurs dont le Sénégal est client ;
  • au plan social, l’anacarde suscite, depuis les années 2000, un intérêt toujours croissant chez les agriculteurs. Cette adhésion n’a cessé de se confirmer quels que soient le statut et les motivations du producteur, les écosystèmes et les systèmes de culture, et malgré les difficultés conjoncturelles.
  • au plan de la recherche agricole, une synergie a été établie avec les structures de développement et de recherche aboutissant, entre autres, à l’introduction de matériel végétal à haut potentiel de

rendement et sur le plan organisationnel, le dynamisme des producteurs organisés à plusieurs niveaux (Groupement d’intérêt

économique, Unions hydrauliques, Fédérations, Comités Interprofessionnels, Comité National) ont permis d’accroître significativement la productivité ;

  • au plan technico-économique, le coût de revient du cajou local est devenu compétitif et des marges de progrès existent encore. En même temps, la qualité s’est beaucoup améliorée, accroissant ainsi sa demande au niveau national. Le projet a permis de sortir la filière anacarde de l’économie informelle et de la placer au cœur de l’économie formelle. L’efficacité du projet s’illustre enfin par l’intérêt croissant que l’Etat sénégalais porte à la transformation de la noix. A l’image de l’Inde, du Brésil et du Viet Nam, le Sénégal aspire à exporter des amandes. Ainsi de façon explicite la question de la transformation devient un enjeu national.